• Plan B.

    - Oliver -

    Nous rentrons de l'école pour un énième dîner en silence. Enfin, ce n'est pas vraiment silencieux, mais chaque mot est creux, inscrit dans une routine, ma mère demande des nouvelles sur l'entreprise, mon père lui répond. Elle nous demande comment s'est passé l'école, elle se contente de ce que lui annonce Christian, rien de plus, rien de moins, monotone et vide  d'intérêt. Avant, quand nos grands parents étaient encore de ce monde, les discussions étaient un peu plus animées, quoique légèrement gâteuses. Maintenant ça ne parle que de notes et de business.

    Plan B.

    Aux yeux de mon père, il n'y a que deux personnes dans cette maison : Christian et Léonard. De toute façon il avait été clair, il voulait seulement un héritier, s'occuper d'enfants l'ennuyait, il a eu des jumeaux, il est passé outre. Je suis donc de trop, et c'est la faute de ma mère, selon lui. Mais elle ne dit rien et ne se venge pas sur moi, elle continue de se comporter comme "madame Plènozas", avec son sourire de façade et une attitude hautaine vis à vis des autres, de toute façon seule la fortune l'intéresse. C'est aussi la seule personne qui me porte un temps soit peu d'attention dans cette demeure.

    Plan B.

    Mais ce n'est pas qu'une plante décorative dans cette maison, c'est une manipulatrice, je ne connais pas grand chose de son histoire. Elle n'est pas issue d'une famille aisée mais s'en est toujours donné l'apparence, elle a ensuite séduit un "gros poisson" et accédé à sa fortune. Je ne crois pas que mon père soit réellement amoureux, ou alors plus maintenant, il lui fallait juste de quoi assurer sa descendance et son image, pour faire taire les commérages sur l'extinction de sa lignée ou la pression que grand mère Nancy devait mettre sur son dos.

    Il lui reste uniquement à choisir qui de Christian ou Léonard sera son héritier, pour moi il me parait évident que ce sera Christian, il a certes de moins bonne notes que Léonard, mais il est totalement forgé à l'image de notre père. Il est mauvais, il veut écraser les autres et garantir sa place dans la haute société plus tard. Rien dans son éducation ne le fera changer de voie, elle est toute tracée pour lui, même ma mère le dit. Je ne sais pas encore ce qu'il adviendra de Léonard, mais nul doute qu'il obtiendra une place de choix dans la société Plènozas.

    Plan B.

    Il ne reste plus que moi, dont la majorité des gens de la Haute ignore l'existence car ce cher Malcolm n'en parle pas. Ce n'est pas dérangeant, et même un atout selon ma mère. Après la mort de grand mère Nancy, elle a hérité d'un "revers" des entreprises que mon père doit à peine connaître, ça ne l'intéresse pas et il a d'autres employés à fouetter. Elle se charge donc de ces petites "affaires" pendant qu'il n'est pas là et la pense en train de profiter du luxe de notre habitat. Elle pense que je pourrais m'en  occuper, puisque cela requiert de la discrétion, elle a dit qu'elle m'aiderait à y accéder, si ça peut lui faire plaisir...

    Plan B.

    Si elle reste une mère exemplaire avec Léonard et Christian, elle est différente avec moi. Elle dit que je dois développer mes connaissances, mon sens tactique, et qu'elle m'apprendra ce que mon père ne voudra pas faire avec quelqu'un d'autre que ses fils aînés. Mais pour notre sécurité à tous, il faut que les autres nous pense immaculés, qu'ils ne cherchent jamais plus loin que la surface, ce pourquoi le comportement stupide et irréfléchi de Christian ne doit pas trop entacher sa réputation, sinon c'est notre famille qui en pâtira.

    En vérité je me fiche bien de ce qu'elle peut me raconter, mais il faut bien se garantir un avenir puisque c'est ainsi que fonctionne le monde, et pour ça il me faudra que Christian reste au sommet. Et au moins, il n'y a qu'à moi qu'elle montre son vrai visage, aux autres elle leur sert son sourire de façade... Je me demande ce qui l'intéresse dans cette vie, elle n'a pas l'air plus heureuse que ça, et elle n'est pas assez bête pour ne pas se rendre compte qu'elle sert de faire-valoir...

    Plan B.

    - Clémentine -

    Tout le monde faisait ce qu'avait dit Mélissa, et elle a bien précisé que ça prendra certainement du temps. Eh bien ça ne me dérangeait pas de me montrer patiente, j'avais toujours la B.A.P. avec moi, et ça m'aidait à garder le sourire, surtout qu'à côté des autres, je n'avais pas grand chose à faire, juste m'amuser, et ne pas répondre aux provocations d'Oliver.

    Plan B.

    Quand aux autres, j’espérais que ça se passait bien pour eux, on faisait régulièrement des réunions au Q.G. pour faire le point sur la situation et lister quels élèves avaient été abordés, pour ne pas que ça fasse louche s'ils insistaient plusieurs fois auprès du même élève.

    Plan B.

    Cependant, Oliver avait dû comprendre qu'il se tramait un truc, il se méfiait un peu plus des autres et venait moins souvent à ma rencontre, j'avoue que je n'allais pas dire non à cette bouffée d'air frais. Je me disais que ce ne serait pas plus mal comme ça, mais il trouvait quand même le moyen, bien que plus rarement, de me faire accuser de quelque chose que je n'avais pas fait. D'après Mélissa, qu'il diminue ses activités n'était pas suffisant, il fallait que les autres se rendent compte que quelque chose cloche, sinon ils allaient cesser de se poser des questions et ce serait retour à la case départ. Mais comment faire ? C'était comme si ce type n'avait aucune faille, je le voyais mal se faire avoir bêtement. Mélissa avait dû se dire la même chose puisqu'elle nous a ensuite invité à nous réunir sous le préau au plus vite.

    Plan B.

    - Bon, la situation est complètement gelée, j'ai une autre idée avant que mon plan A ne tombe à l'eau. Vous vous souvenez de quand vous empêchiez Christian d'embêter les autres élèves ?

    Je soupirai :

    - Oui mais justement c'est pour ça qu'Oliver nous cherche...

    - Il n'a pas l'intention d'arrêter de toute façon, tu l'as bien vu. Je ne pense pas que les autres ne vous aient pas été reconnaissants auparavant pour votre aide vous savez, et Christian n'a pas changé pour un pouce, il se fait juste un peu oublier à côté de toi. Je pense qu'il faudrait rappeler à nos camarades que tu ne harcelais personne à l'origine contrairement à lui... Il y aura peut-être des représailles, mais reprenez vos anciennes activités, peut-être qu'ils réviseront leur jugement.

    Je hochai la tête, ça me plaisait bien l'idée de retrouver la B.A.P. comme avant, et je remonterais peut-être aussi dans l'estime de la maîtresse par la  même occasion si elle voit que je fais des efforts pour me rattraper... C'est vrai que je ne m'étais plus intéressée aux activités de Christian avec mes soucis, mais lui, avec son passage imminent au lycée, il tyrannise régulièrement les plus petits.

    Plan B.

    A la différence d'avant où nous étions plus discrets, maintenant je n'hésite pas à dire ses quatre vérités à Christian devant ses victimes, je n'ai rien à perdre moi de toute façon. C'est plutôt efficace, au moins ils savent pourquoi je m'énerve et personne ne peut sortir une autre interprétation dans mon dos. Parfois je fais tellement de bruit que la maîtresse intervient, mais elle n'a rien à dire sur moi, je suis blanche comme neige, témoin à l'appui, et c'est Christian qui se fait gronder pour une fois et pas moi !

    Plan B.

    Cette fois, le plan est efficace, ça ne parle plus dans mon dos et Oliver ne peut plus trop s'en mêler vu que les autres doutent encore de lui. D'ailleurs, il n'a pas tardé à se manifester, nous interrompant une nouvelle fois en pleine réunion dans le Q.G.. Mais cette fois, plus de sourire supérieur, je connais ses méthodes et lui les miennes, cette confrontation allait pouvoir se faire sur un pied d'égalité...

    Plan B.


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