• - Benjamin -

    Je n'ai rien dit de ce que m'avait raconté Milo, j'aurais peut-être dû. Le lendemain il n'est pas venu en cours.

    Disparu.

    Ça n'a pas plus perturbé la maîtresse que ça, Milo allait un peu à l'école quand il voulait, elle ferait juste remonter aux parents je suppose, parents qui devaient être rarement réceptifs...

    J'ai attendu qu'il se passe quelque chose, un jour, puis deux, mais cette chaise restait irrémédiablement vide. L'école commençait à se poser des questions, la maîtresse m’avait même demandé si j'étais au courant de quelque chose. J'ai menti, j'avais trop peur que Milo ne revienne jamais si c'était l'école qui lançait les recherches.

    Mais comme il n'y avait pas de nouvelles, j'ai fini par me demander ce qu'ils attendaient chez lui pour se demander où il était passé. Je pouvais pas en parler à mes parents, je vois pas trop ce qu'ils auraient pu faire, et je savais pas où habitait Milo précisément, mais je connaissais une partie de sa famille.

    Disparu.

    J'étais pas bien sûr de moi, mais c'était la seule chose que je pouvais faire et les seules personnes qui me paraissaient pouvoir faire quelque chose.

    Disparu.

    - Bonjour Benjamin, tu viens voir Killian ?

    - Euh... non, en fait c'est à vous que je voudrais parler.

    Elle a dû percevoir mon malaise et m'a invité à entrer, je me suis retrouvé assis en face d'elle dans la salle à manger, en train de lui exposer mon problème)

    Disparu.

    - Milo m'a dit qu'il voulait disparaître ! Il a dit qu'il ne voulait pas rester si personne en avait rien à faire de lui et il est parti ! Personne n'a l'air de s'inquiéter et j'ai trop peur qu'il ne revienne jamais !

    - Attends... tu veux dire que Milo a fugué ? Ma mère n'a pas prévenu la police ?

    Je me suis énervé.

    Disparu.

    - Mais elle s'en fiche de lui !!

    C'est en voyant son visage choqué que je me suis rendu compte que je devais être le seul au courant. Pourquoi est-ce qu'il n'avait rien raconté au restant de sa famille ? Il pouvait leur faire confiance non ?

    Après un silence insoutenable, Dina a fini par esquisser un sourire forcé, sans doute destiné à me rassurer ce qui ne fonctionnait pas vraiment, et a déclaré :

    - Écoute... je vais essayer de raisonner ma mère, si elle ne veut rien entendre je préviendrais la police moi-même, on ne va pas le laisser tout seul dans la nature.

    Je me sentais déjà un peu mieux, au moins quelqu'un qui allait essayer faire quelque chose ! Elle m'a raccompagné à la porte en m'assurant que je pouvais rentrer chez moi, qu'elle allait s'en occuper, j'espérais vraiment qu'elle pourrait faire quelque chose...

    - Clémentine  -

    Je n'ai jamais autant haï quelqu'un de ma vie ! Et pourtant je l'aimais pas Christian, mais son petit frère est encore pire ! Oh il n'embête pas vraiment les autres - à part moi quoi - , c'est même monsieur Parfait si vous voulez savoir. A part la B.A.P. je suis prête à parier qu'il a toute l'école dans la poche. En effet monsieur est gentil, serviable, amusant et en plus un bon élève. Comment vous voulez que je rivalise moi ? Surtout en face de la maîtresse, qui sait que je suis pas vraiment vraiment toujours intéressée par ce qu'elle raconte, quand j'accroche pas, c'est flagrant.

    Sauf que l'autre pignouf là, il plaisantait pas quand il a dit qu'il me pourrirait la vie ! Hier dans le couloir il est venu me chercher avec des railleries, et forcément je me suis énervée.

    Disparu.

    Manque de bol ou piège planifié, la maîtresse est passée par là, et Oliver n'a pas manqué de se plaindre en disant que je m'acharnais sur lui en l'insultant de tout les noms. Et comme il joue très bien la comédie, le savon et la punition c'était pour moi. Lui par contre m'avait l'air très fier de son petit manège. Ça a recommencé plusieurs fois, il s'écorche le genou ? Il dit que je l'ai poussé. Un élève qui tombe du bateau pirate ? Il prétend m'avoir vu lui faire un croche-pied.

    Il me lâche pas, dès qu'il en a l'occasion je passe pour la méchante qui ne cesse de m'en prendre à lui et à ses frères. J'ai perdu toute crédibilité vis à vis de la maîtresse, et j'ai l'impression que même les élèves commencent à me regarder de travers. Avant même que je m'en rende compte, je finissais avec une plus mauvaise réputation que Christian Plènozas, tout ça parce qu'Oliver ne manquait pas de colporter la moindre rumeur dans mon dos. Pour l'instant le reste de la B.A.P. était plus ou moins épargné, mais ils étaient bien dans l'incapacité de me défendre, tout le monde sachant pertinemment que nous étions amis. Je n'arrivais pas à trouver une solution, Oliver était bien trop malin, je me faisais toujours prendre à sa place, impossible de le piéger, ici c'était moi la menteuse...

    Disparu.

    Le pire restait à venir, quand toute cette histoire remonta aux oreilles de mes parents.

    J'ai su que la maîtresse avait appelé dès que j'ai vu la tête de mon père en rentrant de l'école, il n'était pas ravi de me voir et il a vite envoyé Benjamin et Mélissa faire leurs devoirs ailleurs.

    Disparu.

    - Clémentine, ta maîtresse a appelé cet après midi pour me dire que tu harcelais les autres élèves, qu'est-ce que tu as à en dire ?

    Je sentais la tension dans sa voix et je n'en menais pas large, mais lui au moins il me donnait l'occasion de m'expliquer, pas comme la maîtresse qui ne m'écoutait même pas, alors j'ai pas hésité.

    - C'est pas vrai ! C'est Oliver qui raconte ça à tout le monde !  C'est qu'un menteur il dit ça pour que je passe pour la méchante !

    Il n'avait pas l'air très convaincu, sans doute parce que la maîtresse devait avoir spécifié que "ce n'était pas la première fois" alors qu'il n'y avait jamais eu de première fois ! Je savais qu'il n'était pas loin de sévèrement s'énerver, mais il essaya plutôt de m'expliquer quelque chose que je savais déjà mais où personne ne voulait me croire :

    - Écoute... c'est très grave le harcèlement, ta sœur en a beaucoup souffert et...

    Disparu.

    - Mais je le sais tout ça ! Pourquoi personne ne veut me croire ?! J'ai rien fait !!

    - Clémentine ne me parle pas sur ce...

    Je n'ai pas attendu la fin de sa phrase et j'ai couru à l'étage, des larmes de rage roulant sur mes joues. J'ai claqué la porte derrière moi et je me suis réfugiée sous la couette pour me calmer.

    Disparu.

    Même mon père ne voulait pas me croire ! Pourquoi d'un seul coup c'était moi la méchante ici ? Ce n'était pas juste ! J'avais soudain très peur de jusqu'où pouvait aller cette histoire, et si plus personne ne me croyait ? Si même mes amis finissaient par m'abandonner pour ne pas finir détestés par toute l'école ?

    Je m'assis sur le lit en reniflant, et si je me retrouvais toute seule ?

    Disparu.

    J'entendis la porte grincer et m'essuyai peu élégamment le nez. Je m'attendais à voir papa pour me réprimander d'avoir crié et d'être parti comme ça, mais c'était Mélissa...

    Elle s'est posée à côté de moi, toute calme comme d'habitude, et m'a dit avec toute la gentillesse du monde :

    - Moi je te crois, et je veux bien t'entendre.

    Disparu.

    J'ai tout déballé, en sanglotant parfois. Je lui ai parlé de la B.A.P., tout le monde pensait qu'on n'était qu'une bande d'amis, et je ne l'avais même pas dit à ma famille avant maintenant. Je lui ai dit qu'à la base je voulais seulement que Christian arrête d'embêter tout le monde, lui donner une bonne leçon. Puis son frère est arrivé et a tout renversé avec ses sourires et sa comédie, en moins d'une semaine il avait réussi à tourner la situation à son avantage et me faire passer pour un monstre. Quand j'en ai eu fini et je me suis mordue la lèvre inférieure, d'un seul coup ça me paraissait gros à avaler, qu'un petit garçon puisse être à l'origine de ce piège dans lequel je venais de formidablement m'empêtrer. Mais pour Mél' qui avait l'habitude de lire des scénarios parfois complètement tirés par les cheveux, ça ne la retourna pas contre moi, pas comme pour tous les autres.

    - C'est un drôle de gars, je ne savais même pas qu'on avait un troisième Plènozas dans l'école, mais tu aurais dû en parler dès qu'Oliver a commencé, maintenant les autres ne vont jamais te croire... mais je pense que si tu racontes tout à papa et maman, ils te croiront, ou en tout cas attendrons d'être plus informés.

    - Mais papa n'a rien voulu entendre !

    - Tu ne lui as pas expliqué, tu as juste accusé quelqu'un d'autre à ta place, sans logique.

    Je fis la moue, en même temps je suis sûre qu'il m'aurait tout le temps interrompu si j'avais tenté de commencer par le début ! Et puis je suis pas sûre que mon groupe de supers héros l'aurait emballé lui non plus... enfin, j'étais contente qu'on m'écoute enfin, et surtout un peu moins en colère, même si ça n'avait pas l'air près de s'arranger. J'ai pris ma sœur dans mes bras, faute de savoir comment exprimer ma reconnaissance.

    Disparu.

    - Merci Mel...

    Elle n'a rien eu le temps de répondre, papa nous appelait d'en bas pour dîner, évidemment dès que je suis entrée dans la salle à manger, j'ai fait profil bas.

    Disparu.

    - Bon, Clémentine, ta mère et moi on veut bien t'accorder le bénéfice du doute si tu nous expliques ce qui a amené ta maîtresse à nous appeler sur un sujet aussi grave.

    J'ai sauté sur l'occasion qu'il me donnait, sauf que cette fois je ne me suis pas énervée, et j'ai pris le temps de commencer par le début comme avec Mélissa. J'ai pas vraiment mentionné la B.A.P., je voulais quand même garder ça pour moi, j'ai juste qu'avec des copains j'avais fait en sorte que Christian cesse d'embêter le monde, mais sans l'attaquer quoi. Évidemment maman n'approuvait pas trop que j'ai très rarement prévenu un adulte dans ces moments-là, mais bon, les grands peuvent pas être partout et de toute façon Christian fait rarement quoique ce soit sous leur nez. Aborder le sujet Oliver a été le plus compliqué, parce que ça ne devait pas paraître vraisemblable qu'à chaque fois ça se retourne contre moi, ça faisait un peu la fille qui se cherche des excuses. Au final papa m'a seulement recommandé de l'ignorer et qu'il allait rappeler la maîtresse, mais j'avais l'impression que tout n'allait pas être aussi simple...

     


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  • - Clémentine -

    Ennuis à l'horizon.

    - Clémentine, ce comportement est inadmissible ! Tu te rends compte que le harcèlement est puni par la loi ?!

    - Mais j'ai pas...

    - Je veux que tu cesses tout de suite ton petit manège avec Christian ou ce sera au directeur que tu auras à faire !

    Je sens la colère monter, elle ne me laisse même pas comprendre ce qu'il se passe !

    Ennuis à l'horizon.

    - Mais j'ai rien fait !! En plus c'est toujours Christian qui embête tout le monde, je lui ai jamais fait quoique ce soit !

    Pas directement en tout cas, mais je crois pas que la maîtresse ait envie d'entendre que je suis une super héroïne là tout de suite.

    Ennuis à l'horizon.

    - Menteuse ! J't'ai vu t'es toujours en train de le coller, j't'ai déjà vu quand tu penses que personne regarde t'arrête pas de l'embêter !

    - Non mais c'est toi le menteur, j'ai jamais fait un truc pareil !!

    Un regard et j'ai compris que c'était peine perdue, je sais pas ce qu'il a raconté à la maîtresse mais elle n'a pas l'air disposée à me croire, elle lance :

    - Ça suffit tous les deux ! Les classes vont reprendre, quoiqu'il en soit tu es avertie Clémentine !

    Elle est partie la première, talonnée du blondinet qui ne m'a pas laissé le temps de régler mes comptes avec lui, j'ai rejoint la B.A.P. un peu avant que la cloche sonne, ils m'ont vu arriver furieuse.

    Ennuis à l'horizon.

    - Alors qu'est-ce qu'elle te voulait la maîtresse ? Et c'était qui le blond ?

    J'ai explosé toute cette colère que j'avais accumulé face à cette injustice :

    Ennuis à l'horizon.

    - Ch'ais pas qui c'est mais il m'a accusé de harcèlement ! Moi ! Il a dit que je profitais de moments où personne regardait pour embêter le Plènozas et j'pouvais même pas m'défendre parce qu'y avait personne pour confirmer ! Et la maîtresse elle l'a trop cru je pouvais rien dire !

    Joris a tenté de faire baisser cette rage que je leur déversais dessus.

    - Hé du calme, on t'a rien fait nous.

    Ennuis à l'horizon.

    - Ouais ben ça se voit que c'est pas vous qui avez été accusé injustement...

    - Justement ! a fait Stellie. On est la B.A.P. ! Si quelqu'un attaque l'un de nos membres c'est nous tous qu'il attaque !

    Ils ont tous acquiescé, j'avais vraiment de supers copains. J'esquissai un maigre sourire mais ça n'allait pas faire avancer les choses... Je demandai :

    - Vous savez qui c'était le blond ?

    Ils ont tous haussé les épaules un à un lorsque Sarah a pris la parole, elle qui est si discrète d'habitude :

    - J'ai peut-être une idée de qui c'est mais j'ai besoin de vérifier, on se voit tout à l'heure au Q.G. ? Essayons chacun d'en savoir plus de notre côté.

    D'un signe de tête nous nous séparons, bien que j'ai toujours cet échange avec la maîtresse en travers de la gorge. Ah il était pas peu fier de lui le blondinaze ! En plus il s’était attiré la confiance d'un adulte, que je n'avais visiblement pas. C'était vraiment pas juste ! Pourquoi elle le croyait et pas moi ? C'était parce qu'on suivait toujours Christian ? Mais j'étais pas la seule, alors pourquoi c'est moi en particulier qu'on a accusé ?! Quel sale menteur...

    Je demandais à quelques élèves des classes supérieures si ils voyaient de qui je parlais, mais y'en avait pas mal des blonds dans cette école alors c'était assez difficile.

    Je bouillais en cours et j'avais beaucoup de mal à me concentrer, dès que la cloche a sonné j'ai sauté de ma chaise et tous les B.A.P. se sont réunis au Q.G. devant Gros Nounours.

    Ennuis à l'horizon.

    J'étais impatiente de savoir à qui j'avais affaire, "connais ton ennemi" avait dit je-ne-sais-qui, et pour le coup je savais même pas qui il pouvait bien être !

    - Alors vous avez trouvé quelque chose ?

    - Il s'appelle Oliver Plènozas, a catégoriquement annoncé Sarah.

    Si ça ne m'a pas spécialement étonné d'entendre le nom de Plènozas, c'est la surprise sur le visage de Stellie qui m'a interpellé, elle a tout de suite protesté :

    - Hein ? Mais t'es sûre ? Ceux à qui j'ai demandé m'ont dit que c'était un type hyper sympa...

    - Sympa ? Où t'as vu un type sympa ? m'énervai-je.

    Elle s'offusqua, poings sur les hanches :

    - Hé je fais que rapporter ce qu'on m'a dit, j'le connais pas moi ! Il est dans la classe juste au-dessus de la nôtre, mais sérieux il ressemble pas à un menteur à ce qu'on m'a dit...

    - Parce que tu me vois coincer Christian pour l'embêter ?!

    - T'énerve pas, est intervenu Joris, p't'êt' qu'il cache bien son jeu...

    Au même moment la porte du dortoir s'est ouverte et on s'est tous retournés d'un seul mouvement.

    Ennuis à l'horizon.

    - Salut la "B.A.P.".

    Je le reconnus au premier coup d'oeil, impossible d'oublier ce petit sourire satisfait alors que je ne pouvais même pas me défendre contre cette injustice. C'est sans cacher ma colère que je m'écriai :

    - TOI ! C'est quoi ton problème avec moi ?

    Pour toute réponse il balaya toute la B.A.P. du regard avant de remarquer avec dédain :

    - Alors c'est ça votre "Q.G.", il faudrait vraiment que vous redescendiez sur la Terre des Sims vous tous...

    Ennuis à l'horizon.

    J'avais une folle envie de lui sauter dessus pour l'écharper, son ton supérieur me restant en travers de la gorge, mais je savais que ce n'était pas une bonne idée, Benjamin en avait déjà fait les frais, et je n'avais pas envie d'apporter des ennuis à ma famille.

    - Mais qu'est-ce que je  t'ai fait pour que tu viennes m'embêter ? Ton frère mérite qu'on lui apprenne le respect de l'autre !

    - Oh mais je n'ai rien contre toi personnellement, Clémentine, et je n'approuve pas forcément les actes de Christian. Mais ma mère m'a toujours dit que, pour le bien de notre famille, les Plènozas devaient toujours être respectés par les autres, peu importe leurs actes.

    - Et alors ?

    Ennuis à l'horizon.

    - Et alors, vous les Taulard il semble que vos parents ne vous ai pas appris à rester à votre place, je me moque bien des deux autres, mais toi, tu es la plus dangereuse, puisque tu entraînes d'autres élèves avec toi.

    Il a balayé un regard exaspéré sur le reste de la B.A.P. avant de nouveau me fixer.

    - C'est mon seul avertissement : soit tu t'alignes en rang comme tout le monde...

    - Jamais !

    - ... soit je vais faire de ta vie un enfer, et tu verras que c'est toi qui viendra me supplier d'arrêter, mais il sera trop tard.

    Ennuis à l'horizon.

    Je l'ai seulement foudroyé du regard, hors de question que je m'incline devant cette ordure ! Il m'a fait un petit sourire malveillant avant de tourner les talons et sortir de la pièce. Un sourire que j'allais revoir plus d'une fois maintenant que la guerre était déclarée.

    Ennuis à l'horizon.

     

    - Benjamin -

    Toute la matinée, j'avais brûlé d'envie de parler à Milo, mais même si on avait arrêté les bêtises - enfin surtout moi - la maîtresse nous surveillait du regard, impossible de décrocher plus de deux mots sans être rappelé à l'ordre, les joies du premier rang... J'avais envie de savoir ce qu'il avait pensé de la maison, mais en même temps je ne savais pas comment tourner la conversation dans ce sens sans paraître envahissant. Au final c'est plutôt lui qui m'a sauté dessus à la récréation.

    Ennuis à l'horizon.

    - Benjamin suis-moi il faut que j'te dise un truc très sérieux.

    D'un seul coup j'ai douté, et s'il n’avait pas aimé venir et qu'il ne voulait plus qu'on se voit ? Il m'a traîné un peu à l'écart, à l’abri des regards surtout, avant de relancer la conversation.

    Ennuis à l'horizon.

    - J'ai décidé que j’arrêtais les bêtises.

    J'aurais sans doute dû être content, parce qu'elles étaient pas toujours très gentilles, mais maintenant que je savais pourquoi il en faisait ça m’inquiétait à la place.

    - Mais... et pour ta mère ?

    Il a soupiré.

    - Je sais pas si elle se préoccupe seulement de mon existence... c'est pour ça que je vais faire un dernier essai !

    Son air résigné ne m'aidait pas à me rassurer, qu'est-ce qu'il avait derrière la tête.

    - Euh... et qu'est-ce que tu vas faire ?

    - Je vais disparaître.

    Ennuis à l'horizon.

    - A-attends... quoi ? Mais tu peux pas faire ça ! J'ai pas envie que tu t'en ailles moi !

    Ça me rappelait Mélissa, elle avait voulu s'en aller elle aussi, tout le monde s'était tellement inquiété, je suis sûr d'avoir vu maman pleuré alors que toute la nuit n'avait été que des recherches infructueuses, j'ai jamais aussi mal dormi...

    - Hé reprends des couleurs Benji, j'vais pas mourir ! Ch'uis pas bête je me suis préparé, je sais où aller. C'que j'veux c'est savoir si quelqu'un chez moi le remarquerait, et prendrait la peine de chercher.

    J'avais pas envie de retourner le couteau dans la plaie, mais son ton grave faisait tambouriner mon cœur d'inquiétude.

    - Mais... et  si personne ne fait rien ?

    - Alors je ne reviendrais pas.

    C'était comme si un sceau d'eau froide venait d'être renversé sur ma tête, je ne savais pas quoi dire, je savais que c'était une erreur, mais je ne savais pas quoi faire ou quels mots prononcer pour l'empêcher de la commettre.

    - M-mais pourquoi tu me le dis à moi ?

    - Parce que t'es le seul qui s'en fera pour moi, enfin je pense. Et j'ai pas envie que tu t'imagines des trucs, je sais me débrouiller t'en fais pas il ne va rien m'arriver de grave. Tu crois pas que je serais mieux très loin de personnes qui se fichent de mon existence ?

    - Mais je m'en fiche pas moi !

    - Ouais mais c'est pas avec toi que je vis tous les jours, tu sais pas ce que c'est de se dire tous les jours qu'on n'aurait pas dû naître...

    J'aurais juré voir de la tristesse dans son regard avant qu'il ne se remette à sourire.

    - Bon, tu dis rien hein ? Si c'est pas ma famille qui s'en fait pour moi, ça ne sert à rien que je reste.

    Ennuis à l'horizon.

    Je ne savais pas quoi dire, j'avais d'un seul coup comme un énorme poids sur le cœur, et s'il ne revenait vraiment pas qu'est-ce que j'allais faire moi ? Est-ce qu c'était de ma faute tout ça ?

     ~~~

    Ne faites pas attention aux fréquents changements de position des B.A.P. , ces fainéants veulent toujours s'asseoir sur les lits ^^' J'aurais dû placer le Q.G. dans la cantine tiens ._.

     

     

     

     


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  • Doute.

    - Milo -

    Salut, moi c'est Milo Caliente, et la vieille femme aux cheveux gris que vous voyez là, de dos, ben c'est ma mère.

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    Ouais je sais ce que vous vous dites, vu son âge elle doit au moins m'avoir eu à cinquante ans ! Ben quasiment en fait, même les médecins ont dû être surpris. Enfin, vous vous demandez sûrement ce qu'elle fiche là, dehors, le regard dans le vague, bah je sais pas trop. Elle est tout le temps comme ça, ailleurs, comme si elle pensait à un autre monde, à une autre époque... Parfois elle se met à pleurer, quand elle aperçoit son reflet, lorsque son mal de dos ne lui permet pas d'atteindre quelque chose, quand elle me voit...

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    Elle erre telle une âme en peine dans la maison...

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    Avec le temps j'ai fini par comprendre ce qui devait autant la faire souffrir, c'était de se voir vieillir, jour après jour, de constater les dégâts du temps et tout ce qu'elle perdait de vue à chaque seconde qui s'écoulait... Mais alors pourquoi ne pense-t-elle pas plutôt à tout ce qu'elle a pu accomplir ? Aux bonnes choses qui lui sont arrivées ? Et pourquoi ne veut-elle pas de moi si elle m'a conçu ?

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    J'y ai beaucoup réfléchi, j'ai tout mon temps moi, personne ne se préoccupe de savoir où je vais, si j'ai bien fait mes devoirs, si je suis au lit avant 21 heures... En fait c'est de sa faute à lui, au truc qui me sert de père. Il s'amuse bien lui, il arrive comme une fleur en milieu d'après midi, il saute sur Nina et la bécote devant tout le monde sans aucune gêne et repart comme il est venu. Une petite séance de crac-crac par-ci par-là, un gosse parfois parce que monsieur préfère "le faire sans le chapeau" et il s'en va vers de nouvelles conquêtes.

    Et à côté de son petit manège, il y a ma mère qui ne peut qu'observer, impuissante, cet homme qui lui avait autrefois susurré qu'il l'aimerait éternellement avant de lâchement l'abandonner pour sa fille, "plus jeune", plus... "Caliente". Il n'a pas pensé une seule seconde à ce qu'aurait pu ressentir ma mère, en côtoyant l'homme avec qui elle avait quand même eu deux enfants sans qu'il ne lui accorde plus un regard à présent !

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    Ouais, en fait, je suis pas tout seul dans mon cas, j'ai un frère faux-jumeau, Isaac, mais lui il est... spécial, pas vraiment tout seul dans sa tête quoi. Du coup il le voit pas vraiment tout ce qu'il se passe dans cette maison, il peut pas comprendre, et comme parfois il est même un peu dangereux avec ses sautes d'humeur, je le laisse tranquille.

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    Bon, je ne suis pas non plus sans camarade de jeu, j'ai ma demi soeur et mon demi frère, Diana et Tao, qui sont aussi ma nièce et mon neveu, ça vous donne mal à la tête ? Je ne vous ai pas encore parlé de l'autre moitié de la famille.

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    Parmi nos voisins il y a Dina Lewis, Caliente de son nom de jeune fille. C'est ma (demi) sœur, ouais elle a l'âge d'être ma mère, comme Nina quoi. Elle était encore chez nous quand Don Lothario a emménagé pour draguer ma mère, bon j'étais pas encore né, et la matriarche Caliente, telle qu'on l'appelait avant, n'était pas encore senior. Bref, je pense qu'elle aussi a dû faire l'objet des convoitises de mon père, ça ne m'étonnerait pas puisqu'il ne sait pas se tenir dès qu'il voit une poitrine et une paire de fesses. Sauf qu'elle a eu de la chance, elle, elle n'a pas succombé à ses pseudo charmes et elle s'est trouvée un mari qui lui soit fidèle, pour un peu j'aurais cru que ça n'existait pas si je ne passais pas leur rendre visite de temps à autres. Killian est super sympa, même que le père de Benjamin c'est son parrain, ça m'a fait trop bizarre de l'apprendre ! Bah ouais avant de faire la connaissance de Benji, pour moi les Taulard bah c'était un peu ceux qu'on nous recommandait d'éviter dans la ville, comme quoi si l'on s'en rapprochait trop on risquait de subir les représailles des Plènozas. Même si au final, Lucas, qu'est mon beau-frère du coup - ouais ça m'fait bizarre à moi aussi - , il lui est rien arrivé de moche, comme quoi les blondinazes ils peuvent pas tout faire comme ils le voudraient, s'ils perdent toute crédibilité aux yeux de la ville, leur pouvoir politique risque d'en prendre un coup.

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    En fait la première fois que j'ai rencontré Benjamin, j'avais pas vraiment plus l'intention que ça d'être son copain, j'y croyais pas tellement vu que je suis le genre de gars tout seul parce que sa vie est tellement compliquée que ça porterait malheur à celle des autres apparemment. Enfin, moi c'que j'veux c'est faire tellement de bêtises qu'au final ma mère serait forcée de m'adresser ma parole, même pour me crier dessus, de reconnaître que j'existe, que je suis bien sa chaire et son sang, qu'elle m'a fait et qu'elle ne peut plus revenir en arrière. Parfois ce sont les grosses disputes qui permettent de prendre un nouveau départ. Pour en revenir à Benjamin, vu que c'était un Taulard, j'me suis dit qu'en enquiquinant le Plènozas en sa présence, ça aurait plus d'impact, et que toutes mes "farces" seraient tout de suite plus sujettes à remontrances. C'est toujours Nina qui me gronde quand l'école appelle chez nous, moi je voudrais que ma mère soit convoquée chez le directeur avec moi, pour voir ce qu'elle en dirait.

    Tomber de haut.

    Sauf que Benjamin, c'est pas juste le gars qui va m'aider à atteindre mon objectif au final, lui il me regarde pas comme les autres, je suis son ami et seulement ça, pas un type à éviter, pas un fauteur de trouble ou une erreur de la nature, juste son ami. Alors ça ne me dérange pas qu'il ne veuille plus me suivre dans mes bêtises, même s'il vit un peu dans son monde de bisounours, ça m'est bien égal tant qu'il ne me rejette pas.

    Pourtant quand il m'a invité chez lui... j'étais content hein, même s'il n'a pas le confort que je peux avoir chez moi, il n'y a pas d'impression de vide chez lui, et ses parents sont cool, ils se sont même préoccupés de ce que moi j'étais. Et ils s'aiment, et ils aiment leurs enfant et.. et... C'est trop bête. Benjamin c'est mon ami mais... je suis jaloux. Je suis jaloux de tout ce qu'il a et que je n'aurais jamais. C'est pareil pour Killian, il a une famille qui sera toujours là pour lui, Diana et Tao ont au moins leur mère et... moi j'ai rien. Évidemment que Nina me laisse pas tomber comme une vieille chaussette, elle me fait à manger, et elle m'achète des vêtements, mais c'est pas pareil, c'est ma sœur, et elle a des enfants, et c'est aussi elle quelque part qui fait souffrir ma mère.

    Tomber de haut.

    Je ne sais plus trop où j'en suis, tout ce que je peux faire, aussi graves mes bêtises peuvent-elles être, n'a jamais abouti. Pourquoi mon monde à moi il ne ressemble pas à leur monde à eux ?

    - Vincent -

    C'était bientôt à Gwen de fêter son anniversaire et cela se ressentait, elle faisait bonne mine devant les enfants mais aucun doute qu'elle se sentait nerveuse à l'idée de passer le cap des quarante ans, chose que je pouvais comprendre puisque j'y étais passé il n'y a pas si longtemps que ça. Sa façon d'oublier sa nervosité était de se planquer à la bibliothèque pour dévorer des livres ou se perdre sur un site exposant la "crise de la quarantaine".

    Tomber de haut.

    Même si elle s'efforçait de le cacher, elle était également devenue morose, et plus sur les nerfs. C'était un état dans lequel je ne l'avais jamais vraiment vu, disons que d'ordinaire je m'en fais pour deux alors bon...

    Je me suis dit qu'un petit moment rien que tous les deux ne nous ferait pas de mal, entre la vie de famille et le travail c'était devenu chose rare. Alors j'ai demandé à un ami de s'occuper des enfants - Benjamin avait beau être bientôt ado j'étais sûr de retrouver Clémentine au fond d'un marais si je les laissais seuls une soirée. Pour une fois ce n'était pas Lucas que j'étais allé déranger, à vrai dire j'avais plutôt envisagé d'engager une baby-sitter, mais notre voisin, monsieur Mercier, s'est proposé pour les garder. Cela faisait longtemps que j'avais appris à un peu mieux connaître ce vieux conteur d'histoires chez qui Mélissa adorait passer ses après midi, et je savais que je pouvais lui faire confiance.

    Gwen et moi avions donc la soirée pour nous tous seuls, nous ne sommes pas allés en boîte, on n'avait plus vraiment l'âge quand même, et je n'ai pas choisi un restaurant, j'avais vraiment envie que nous soyons tranquilles, seulement nous deux, alors pas de serveurs et pas d'autres clients. Et avec toutes mes explorations pour dénicher des perles rares en collections, il y avait quelques endroits que j'avais vraiment envie de lui faire découvrir, dont un en particulier.

    Tomber de haut.

    Ce devait être une des rares fois où Gwen ne trouvait pas ses mots, figée là, la langue liée, j'en venais même à douter de la pertinence de mon idée en la voyant rester immobile, tout juste éclairée par les lucioles voletant dans cette grotte toute droit sortie d'un conte de fée. Je m'approchai d'elle et elle murmura dans un souffle :

    - Vincent... c'est magnifique...

    J'esquissai un sourire tendre en la voyant partir à droite à gauche, observer un cristal aux facettes multicolores, s'extasier devant un insecte frôlant l'eau tel un feu follet ou devant une fleur colorée. Elle était comme une enfant qui découvrait de nouvelles choses, et même dans le silence son sourire suffisait à exprimer son émerveillement. Et ce n'était pas ces quarante ans approchant qui allaient lui voler cette fraîcheur et cette spontanéité que je lui connaissais, j'en étais certain. Je ne sais pas bien combien de temps nous avons passé ici, rien que tous les deux, mais ce précieux moment resterait gravé dans ma mémoire, tel un instant suspendu dans le temps.

    Tomber de haut.

    Les jours suivant c'était comme si ses craintes s'étaient envolées, j'avais retrouvé ma Gwen, celle qui monopolisait les conversations à elle seule, celle qui faisait preuve d'une passion contaminante dans les sujets qui lui tenaient à coeur, celle dont le sourire suffisait amplement à égayer mes journées...

    Son anniversaire ? Elle le vécut à fond comme elle le faisait pour chacune de ses journées, elle avait délaissé les psychologies sur le vieillissement pour replonger dans ses livres à l'eau de rose dont le nombre de pages me donnait mal à la tête mais qui lui plaisaient tant à elle. Je me suis donc attelé au gâteau, on a invité quelques amis et Gwen a soufflé les bougies.

    Tomber de haut.

    Tomber de haut.

    "Pousse-toi papa les confettis vont pas atterrir sur maman sinon !"

    "Hé c'est trop cool ton machin moi aussi j'veux esssayer !"

    "Ah non hein ! Moi d'abord !"

    Tomber de haut.

    Tomber de haut.

    "Nan mais c'est trop la classe ça ! Je veux devenir adulte !"

    "On dirait un ange qui s'envole !"

    "... si tu veux Mélissa."

    Tomber de haut.

    Tomber de haut.

    Évidemment sitôt les invités partis et les enfants au lit, je ne l'ai pas laissée se demander si elle avait pris des rides, pour moi elle était et serait toujours parfaite.

    Tomber de haut.

    - Clémentine -

    Ça craint si à chaque anniversaire je dois voir papa et maman s'explorer le gosier ! Beurk ! En plus j'ai dû passer toute une soirée enchaînée chez un vioque dont Mélissa voulait absolument entendre les histoires alors que j'aurais pu être dehors à grimper aux arbres et aux rochers du parc pour m'entraîner pour le jour où je serais la première Simette à escalader l'Himalama ! Quelle perte de temps j'vous jure...

    Enfin, pendant que le vieux délirait sur des histoires de lapins peignant des oeufs de Pâques - même Benjamin ça l'intéressait j'pige pas ! Quoique il croit encore aux garçons dans les choux celui-là faudrait peut-être que je lui explique l'histoire des lego un jour - , bref pendant qu'il blablatait, je pensais à la B.A.P. Ce qui était cool avec notre bande, c'était que chaque jour d'école qui aurait dû être atrocement barbant devenait une aventure. Après tout, c'était quand même nous qui empêchions Dark Christian de tyranniser les autres élèves ! Pour le coup, j'étais pas peu fière de moi, il était presque devenu exemplaire le blondinet ! Bon il nous fusillait toujours du regard, mais jamais il n'aurait osé une pique mesquine envers un plus jeune maintenant, ça lui plaisait pas d'être surveillé h24 mais il pouvait rien contre nous parce qu'on gérait trop.

    C'était du moins ce que je croyais, jusqu'à ce que la maîtresse ne vienne me voir une fois à la récréation, alors qu'on était en pleine opération, mais pour le coup j'ai vite oublié de surveiller Christian, parce qu'elle avait l'air en pétards et que le blond platine qui l'accompagnait avait un petit sourire malveillant qui ne m'inspirait pas confiance...

    Doute.

     Je crois que je n'oublierais jamais ce sourire...

     

     

    ~~~

    Oui je rajoute (encore) un nouveau protagoniste dans cette histoire ^^ A vrai dire je ne savais pas du tout quoi faire de lui avant maintenant x)

     

     

     

     

     

     


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